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4 mai - la boite à mouches

Le musée de l’étrange se pare dans ses collections de boites, qui sont autant d’aspect de la féminité comme on a pu le voir dans notre présentation n°9 en précisant que… « Elle peut s’interpréter comme une figure des zones de l’inconscient d’abord et ensuite du corps maternel. La boite contient toujours un secret ou ses aspects les plus indéfinissables ». Nous nous étions arrêtés sur une ‘boite à sel’ permettant étrangement de combattre un feu de cheminée. C’est à présent devant une autre de ces expressions, non pas cette fois de l’inconscient, mais bel et bien d’une conscience du physique, que nous allons ‘emboiter le pas’ devant un autre de nos étuis. Un contenant avec un contenu en usage pour la dame que plus exceptionnellement pour l’homme, certes pour la coquetterie mais avec ouverture vers un étrange nettement moins séducteur. Cette boite est dite ‘à mouche’. Bien entendu, si aujourd’hui nous faisons une recherche sur ce thème, à ce nom, nous arrivons à des articles pour pêcheurs utilisant des formes d’appâts factices sous ce nom de ‘mouche’ pour tromper et attraper le poisson, et nous nous serions fourvoyer dans l’usage du nom et du contenu. Pourtant c’est de mouches qu’il va s’agir également, mais si celles-ci vont permettre d’appâter aussi quelques ‘passants’ ce sera dans un but de beauté séductrice, expliquant tout d’abord un fard bien féminin.


La femme de tous temps, sans doute depuis ses origines s’est voulue plus conquérante, agréablement attirante en aidant, peu à peu sa nature féminine à se montrer plus séductrice en usant d’artifices en terme de maquillages ou accentuation de particularité dans ses parures. Aussi elle comprend très tôt que son visage se montre sous plus d’un jour flatteur ou mystérieux en forme de miroir aux alouettes selon ses intentions… Si l’art de farder remonte à l’Antiquité, dans nos civilisations, il fait appel tant à la chevelure (voire celle de la poupée romaine imitant celle des belles dames romaines aristocratiques), à la vêture et au maquillage. Déjà la femme saura attirer l’attention sur sa figure en utilisant, à cet effet, de faux ‘grains de beauté’ ou autre petite tache sombre de naissance faisant parfois tout le charme et l’inattendu d’un visage. Cette ‘coquetterie’ va perdurer au fil des siècles sans jamais se démoder contrairement aux façons de se vêtir ou se coiffer.


Si nos dames savent faire bon usage de ce genre d’amplificateur de leur charme, sachons que les dieux eux mêmes y étaient attentifs puisque selon les légendes antiques des ‘amours de Vénus’. Alors qu’une mouche venait se poser sur son visage, cette déesse tentait de la chasser d’un revers de sa main. Ce fut Mercure, lui-même qui lui aurait recommandé de ne rien en faire, tant cet insecte souligne et sied à son teint si doux. Comprenant l’avantage séducteur de cette mouche, la belle déesse décide alors qu’il lui attrayant d’orner son visage de mouches artificielles pour s’attirer les grâces des dieux de l’Olympe. Elle se prit donc à s’appliquer de petites tache sur le visage en différents endroits selon ses humeurs et attentes. On dit que ce détail de maquillage depuis fut récupéré par les belles humaines qui en firent à leur tour une arme séductrice des plus efficaces au fil des siècles, puisque cet infime morceau de gomme noircie posé sur leurs visages en faisait ressortir la blancheur et le charme.

Les perses et les Arabes déjà considéraient une tache de naissance comme une évidente marque de beauté féminine… Les romaines suivront et ainsi cette engouement de beauté va perdurer en France surtout sous le règne de Louis XIII et jusqu’à la Révolution. Ce seront d’abord des effets de maquillages féminins, puis les hommes suivront à l’image de Louis XIV s’en servant pour dissimuler ses taches de petite vérole dont les cicatrices s’avéraient des moins esthétiques. Les courtisans, dans la foulée, suivront l’exemple de leur monarque. A la cour, mais aussi en tous lieux de circonstance la ‘mouche’ devient, surtout au XVIIIe siècle une coqueluche de la séduction certes, mais aussi une forme de code à l’usage des galants transis devant leurs compagnes mesurant soigneusement la signification de leur mouche. Ainsi le message sera compris avec par exemple une mouche posée sur le front fera de la dame une ‘majestueuse’… près de l’œil une ‘passionnées’… sur la ride du sourire ce sera une ‘enjouée’ etc etc…


Il fallait forcément à ces mouches en sombres petites lentilles de taffetas gommés des boites toutes plus élégantes et mystérieuses déposées au gré des coquettes sur leur table de toilette. C’est une de ces boites dont notre musée dispose. Une boite en ivoire du XVIIe siècle, de moins de 5cm de diamètre formé d’un ‘fond’ avec son couvercle à charnière et serti d’argent. Sur ce dernier un insecte, de 15mm, y est finement ciselé et dessiné de noir les ailes déployées, avec celles-ci faite de deux fines feuilles de nacres aux chatoyants reflets multicolores… Une boite à mouche.



https://lillusgraphie.com/les-secrets-dune-boite-a-mouches/


Cependant, comme en toutes choses, il y a un revers à la belle médaille. Pour les mouches, la partie négative est des moins séduisantes. En effet certaines personnes mal intentionnées s’en remettaient à des ‘enherbeuses’ et lanceuses (ou lanceurs évidemment) de sortilèges, en faisant confectionner des mouches vénéneuses empoisonnées. Ces dernières, alors réputées ensorcelées et diaboliques, tuaient alors lentement la dame ou l’homme à supprimer car devenue concurrente trop gênante et à éliminer pour garder à soit tout entier le territoire à dominer de ses charmes. Cet empoisonnement pouvait se produire, en toute ‘innocence’ sans laisser de trace ni soupçon depuis les mouches ou la boite elle-même…


Nous ne saurons jamais si notre boite fut celle d’une ténébreuse beauté, d’une dame de cour ou d’un petit marquis en manque de coquetterie… Quoiqu’il en soit, visiteuse et visiteur en venant contempler cette boite sans doute ne prendrez-vous la mouche pour autant… n’est-ce pas.


André Douzet

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