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2 mai - le Kalendrier des Bergiers

Livre, mot masculin et vient du latin līber, lībris (« livre, écrit »)

de l’ancien français livre, du latin līber (« pellicule située entre le bois et l’écorce sur laquelle on écrivait »)

Bien étrange titre pour un bien étrange ouvrage que nos visiteurs peuvent apercevoir dans la grande vitrine du ‘Cabinet de curiosités’. Un livre étrange direz-vous… reste quoiqu’il en soit un livre et sur le principe c’est tout à fait vrai. Un format unique, 21 X29 cm hors tout, mais superbe comme seuls les éditeurs des15ème et 16ème siècles. Un temps où les livres étaient une marque intellectuelle hors du commun, par le fait des coûts très élevés et d’un lectorat sélectif, en termes d’ouvrages d’exceptionnels sujets effectivement réservés à un élitisme littéraire cultivé et gourmand des tous premiers ouvrages issue des imprimeries balbutiante mais promis à un essors merveilleux puisque toujours d’actualité de nos jours et remplissant des milliers, des millions de rayons ne serait-ce que dans les bibliothèques municipales et autres pour notre seul pays. C’est à Mayence, le 23 février de l’an 1455 que Johannes Gutenberg achève son premier livre imprimé, une bible latine dite à ‘quarante-deux lignes’ (format B42). L’imprimerie vient de naître en accouchant depuis la nouvelle ‘presse typographique’ à caractères mobiles d’alliage métallique relativement mou dans lequel le plomb prendra une place de choix. Certes, une extraordinaire innovation qui pourtant n’est pas une primeur puisque les chinois l’utilisent déjà au IXe siècle, puis en Corée vers 1377… Cependant Gutenberg ne le savait pas. Quoiqu’il en soit, l’invention de cette méthode ‘livresque’ ouvre des horizons immenses et innovants d’incroyable manière puisque, dès cet instant, le ‘livre’ va se généraliser, se populariser, même si bien entendu il reste réservé encore strictement à une petite élite d’intellectuels…très vite, il s’étendra à des millions d’individus avides d’un savoir enfin accessible à moindre prix.


Nous voici à ce ‘livre’ déposé dans le cabinet de curiosités… Un ouvrage d’exception, Le Compost et Kalendrier des Bergiers, édité le 2 mai 1491 chez l’imprimeur-libraire Guy Marchant. 166 pages au fameux format ‘B40’ d’un simple pliage avec 40 lignes de texte pour une page imprimée principalement en noir avec de nombreux titres de chapitres et notes en rouge carmin. En cours de livre, on trouve deux planches dépliantes en plein format. On trouve de très nombreuses iconographies d’une rare qualité et importante rareté. L’ouvrage s’intitule en présentation comme un « almanach illustré à l’usage des gens de la campagne ». Hors, il n’en est rien si on considère la somme de savoir scientifique qu’il contient d’un niveau universitaire peu habituel en des régions aux confins de nos pays reculés… Il s’adresse sans doute à cette époque aux érudits d’une aristocratie cantonnée dans la région sous leur dépendance, loin de tout mais voulant rester, au moins par l’esprit, à un niveau culturel et scientifique hors du commun. On retrouve l’ancien ‘compost’ ou comput consignant l’état du savoir à propos des étoiles et marches solaires, lunaires et calcul des ‘fêtes fixes et mobiles courantes religieuses’.


Cette connaissance s’adressera à ceux portés également sur les établissements annuels des événements allant avec les ‘bonnes coutumes du bon berger’ paradoxalement appelé ensuite des… sorciers d’arrières pays, de fait le livre aura le pseudonyme de ‘livre sur la main’ ! Ce ‘compost pourrait bien rester le dernier authentique du genre.


La seconde partie du Kalendrier fera état de ‘moments favorables’ sous l’éclairage de la religion de la démonstration de ‘l’arbre des vices et paines (lire peines) d’enfer représentant les tourments infligés aux damnés, à titre d’information à l’attention de ceux pratiquant la sorcellerie de trop près.


La troisième partie montre l’explication de ‘l’Arbre ou Champs des vertus’, résumé au strict minimum des bons et mauvais états. S’ensuit un cycle des prières apportant initiation et connaissances ésotériques depuis les prières, litanies usuelles et courantes à fin de travaux… occultes. Ainsi le Composte propose des correspondances depuis l’Ave Maria, le Credo, les «tables de pierre de Moïse et la fameuse, et plus usité du tout, prière pour l’homme engagé sur le ‘vaisseau du diable’, passe de mode. Cette supplique permet à l’apprenti en magie de voguer au mieux vers la Tour de Sapience pour y percevoir sa juste récompense pour ses travaux de magie.


La dernière partie reste des plus rationnelles et scientifique à propos de Physique et Médecine à l’usage du savoir des Bergiers. On va y lire le lien entre le ciel, l’univers et zodiaque et l’homme dans sa biologie (traitements des maladies et formation anatomique avec l’effet sur les organes en correspondance avec le ciel, la terre, les saisons en reflets morphologiques. L’explication des liens entre les planètes de notre système et les sagesses ou malheurs des hommes, exemple Jupiter et les gens heureux, mercure avec les artistes et écrivains, etc, etc… tout comme la science de la Physionomie régissant les tempéraments de la colère à la mélancolie. Le ‘Berger’ calculera les moments horaires à l’aide de son fil à plomb suivant la déclinaison des astres en un véritable travail d’astronome doublé de celui d’un astrologue avec calcul et effet des ‘dragons volants’ que sont les comètes, étoiles filantes régulières ou erratiques. Tout un vaste programme inouï pour l’époque à la limite du toujours d’actualité en terme d’occultisme d’aujourd’hui ! Enfin il y même question du célèbre ‘langage des oiseaux ou langue verte’ à peine croyable. La dernière image du composte illustre que l’homme, quelque savoir qu’il puisse acquérir, ne peut, à l’issue de sa vie, qu’être confronté à la mort et à son Créateur… Ainsi finit le Compost et Kalendrier des Bergiers. Un kalendrier pas vraiment réservé aux petits bergers illettrés de nos campagnes mais bien à ceux recherchant une encyclopédie populaire complète en un volume du XVe siècle. Pierre Champion, insigne expert en matière d’almanach des anciennes époques, aura le mot de la fin en disant à propos de cet étrange ouvrage que ce grand livre, ce beau livre d’images, est d’une insigne rareté. C’est cette insigne rareté que nous vous proposons à regarder…


André Douzet

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