3 avril - Les minéraux
Les collections du musée font la partie belle au règne minéral. Comme pour les livres, chacun de nos thèmes, vitrines ou reconstitutions comprend des minéraux, des pierres fines, précieuses ou plus communes. Encore une fois, il est utile de préciser que l’homme à l’origine de ces éléments avait une passion toute particulière pour ces pièces sans doute en raison du fait que son art (Maître verrier) s’exerçait surtout depuis le minéral puisque le verre est issu de la silice avec à l’époque cet homme des additifs de baryte et autres composants du même règne pour les colorants et effets soit d’optiques ou présentant des similitudes avec des éléments à structures différentes, tels du cristal ‘de table’ avec rien d’autre que du simple…verre à moutarde, et autre du genre. Cette passion pour cet élément qu’on peut trouver à l’état natif, et nous en avons dans la vitrine ‘minéraux’, il la retrouvait en tout et a sans doute tenter de la faire partager … jusqu’à ce que pour nous, à présent, elle devienne une forme de fascination. C’est cette dernière que nous tentons de faire découvrir et partager avec nous en visitant ces éléments minéraux et leur monde merveilleux…
Nous disposons de presque 900 pierres et minéraux, fossiles compris. Aussi, nous n'en présentons qu’une petite centaine dans une vitrine réservée à cet effet, et nous les changeons régulièrement à l’intention des visiteurs pouvant revenir et ne pas forcément voir toujours les mêmes pierres. C’est là que nous présentons quelques éléments, pas forcément de grande valeur mais importants pour l’homme qui les collectait minutieusement. Au milieu du rayon des cristaux, le visiteur peut voir des cristaux de roches, deux naturels et un troisième taillé de main d’homme. Ce dernier représente une petite chouette, de 8 cm de haut, relativement stylisée et réduite à une simple représentation suffisante pour que l’oiseau de nuit soit reconnaissable. Elle a été taillée, dans un bloc de cristal de roche transparent de couleur bleutée, avec soin et minutie. Pour voir une telle pureté sans le moindre défaut et en tirer un sujet de cette taille, il faut admettre que le bloc d’où il avait été tiré devait être d’une taille inhabituellement importante. C’aurait dû être un beau cadeau, et pourtant le vieil homme expliquait que bien entendu il avait chaleureusement dit merci, mais… que cela ne lui plaisait guère. Que pour lui, la beauté et l’intérêt d’un cristal naturel de cette taille devait rester dans son état ‘naturel’ et non pas dans le fait d’en avoir fait autre chose pour le seul plaisir des yeux et l’avoir transformé à cet effet. Il m’expliquait que seul aurait suffi ce bloc d’origine sans la moindre modification pour un caprice humain. Il avait alors laissé la petite chouette dans une serviette, l'avait roulée et rangée au fond de son armoire dans son atelier. Il m’avait ensuite montré des blocs de cristaux de roche extraits de deux ‘minières’ ardéchoises. L’un est de couleur sombre, un brun ‘fumé’ et le second couleur naturel, les deux de taille respectable. Il m’expliquait qu’un cristal de roche pour être beau doit rester naturel, y compris si on attend de lui des effets curatifs ou autres maintenant connus sous le nom de ‘lithothérapie’. Pour lui plus un cristal, ou minéral, restait ‘dans son jus’ sans être modifié dans sa forme ou sa teinte (par intense chauffage par exemple. Il expliquait qu’une fois dénaturé une pierre perd toutes possibilités et attrait. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai reconnu qu’il avait sans doute raison sur ces points-là de minéralogie.
Dans cet ordre de ‘pierre’ et de cette vision du thème, nous disposons d’un autre minéral nettement plus rare que des cristaux de roche aussi beaux soient-ils. Il s’agit d’un bloc d’une espèce minérale très peu commune, appelée ‘Pierre de lait’. Ce nom ne semble pas correspondre à une fonction directement liée au lait. Cependant, sur un registre ‘lacté’, on trouve une pratique sur cette pierre dans de très anciens ouvrages liés aux vieilles traditions populaires en Bretagne et Normandie. On devait se procurer un bloc de cette roche. Cette négociation devait se faire sans utiliser d’argent, mais visiblement sous forme d’une sorte d’offrande ou troc. Ensuite, on éclatait un morceau de cette roche (et ce devait se faire d’un seul coup de ciseau à pierre), pour l’immerger dans une boisson destinée à la nouvelle maman, dès la naissance de son bébé lorsqu’elle devait le nourrir au sein. Peut-être est-ce là, la seule correspondance entre le lait et ce nom ‘laiteux’, encore pouvons-nous considérer comme recevables les traces d’une blancheur laiteuse d’une partie de cette roche. Il existerait seulement trois gisements de ce genre de minéral assez rare, très rare justement, pour ne quasiment pas paraître sur les registres de minéraux et roches. En échange, malgré sa grande rareté cette pierre ne semble pas avoir la moindre valeur, et c’est sans doute pour cette raison que le vieil homme accordait un grand respect et une immense valeur à cette forme de vision du monde minéral. Gardons en mémoire que l’humain donne, de plus en plus, d’importance aux cristaux et roches de toutes sortes en leur donnant des pouvoirs souvent pour le moins… insolite, pharamineux ou étrange ! Bonne visite, visiteuse et visiteur, dans ce monde des pierres et minéraux de l’étrange.
André Douzet
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