26 avril - les amulettes de fertilité
Depuis les temps les plus reculés de notre humanité, les femmes ont été un prodigieux sujet d’étonnement, certes, mais souvent teinté sans doute de craintive admiration quant à leur biologie et ses effets sur les membres d’un clan. Ses effets sont particulièrement notoires concernant l’arrivée des nouveau-nés assurant la relève des membres sans lesquels la moindre tribu s’éteint en une ou deux générations. C’est dire l’importance des dames à ces époques d’une humanité hésitante et improbable sans leurs enfants. Au demeurant, nous avions déjà vu l’importance vitale et la représentation magico-féminin lors de notre intervention n° 19 ‘Vénus néolithique et Madeleine’, un travail, un rappel peut-être utile à relire à la suite de celui-ci ?
Quoiqu’il en soit nous allons, cette fois, voir dans le ‘cabinet de curiosités’ les étranges ‘amulettes de fertilité’ et leur surprenant magie rituelle.
Il s’agit de deux éléments, l’un en cuivre et autre, l’autre entièrement minéral. Le premier, d’une longueur totale de six cm, est formé d’un anneau en segment de cercle (2,5 cm) solidement tenu dans le serti de la seconde partie. Cette dernière, une étroite gaine (2cm) de cuivre jaune ornée de vagues et triangles imbriqués -symboles éminemment féminin- tient d’une part la boucle et de l’autre un triangle de pierre ou de verre rouge vermillon. Nous penchons pour une pierre triangulaire (1,8cm) rouge transparente en raison de l’écho rendu à un choc sec, ressemblant plus à celui de la pierre que celui sur du verre qui serait… plus sec. Cette belle pierre, très fine et marquée des deux côtés de sillons bien prononcés. La partie centrale fermée sur sa bouche par une sorte de pate goudronneuse contient quelques parcelles que nous dirons… magiques et liées à la féminité. Bien entendu, défaire ce ‘compartiment’ pour en voir le contenu le rendrait, certes, visible mais en annulerait instantanément l’efficacité voire renverserait le pouvoir de cette amulette.
La seconde (5cm) d’une seule pièce est taillée, dans une pierre quasiment noirâtre. Elle présente un demi-cercle et fini de l’autre côté par une pointe. Dans l’arc de cercle un vide rond de 2cm. Pouvant recevoir une demi-sphère d’un rouge d’escarboucle enchâssée dans de l’argent, un métal assez tendre pour permettre de l’entrer dans le cercle ou de l’en ôter sans trop d’effort en évitant aussi de l’abimer à la manipulation. La tradition pour cette seconde pièce veut que ce genre d’élément magique soit taillé dans un morceau de météorite. La qualité de la taille de cette pierre sombre montre, à l’évidence, que cette manipulation dut être très résistante car de nombreux ‘coup de tailles’ convergeant vers la pointe en montre la difficulté.
Ces deux amulettes sont dites de fertilité. Elles apportent, d’abord d’obtenir l’enfantement en cas d’impossibilité pour celui-ci. Mais encore de maintenir la grossesse en cas de crainte grave qu’elle ne puisse se maintenir satisfaisante jusqu’à son terme, ou du moins à la maintenir pour un prématuré à mener au moment de le tenir viable et vivable. C’est dire l’importance de ce genre de support de superstition ou d’élément permettant des issues positives à des problèmes en terme de fécondation et de conduite à terme de façon optimale. Elles se portent, l’une et l’autre, attachée à la taille de la femme par un cordonnet tressé avec la chevelure même de la dame dans le besoin d’aide magique, occulte ou faisant appel à une divinité quel qu’elle soit selon les régions, croyances et autres règles en ces matières. Disons que peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.. Et, sans doute, ce doit être une forme d’ivresse pour une femme en doute de fécondation ou de grossesse d’avoir cette certitude et surtout d’être conduite à bien, quoi qu’il en soit des forces, intervention et divinités mises en cause.
La première, en cuivre jaune, n’est réversible que sur elle-même en la portant à même le ventre du côté des ‘triangles’(donc fertilité) ou de celui des ondulations de vagues pour la grossesse douteuse. L’amulette sombre en aérolithe fonctionne sur l’un et l’autre problème, avec ou sans la demi-sphère de pierre rouge escarboucle. Elles sont donc complètes à un détail près. Ce détail est que le cordon les tenant autour du ventre de la mère en puissance n’est pas disponible, et ce n’est ni une perte ni autre chose du genre, c’est seulement que ce filin de cheveux est détruite dès l’enfant mis au monde, détruit par le fait d’être jeté dans un courant d’eau ou un puits… Seule l’eau peut ‘laver l’usage tout comme ce sont les ‘eaux qui portent et tiennent le fœtus en gestation. A ce moment l’effet des eaux est terminé et rien ne doit en rester sinon l’enfant mourra dès le troisième jour après sa mise au monde. Personne n’a vérifié ces faits et on peut comprendre les raisons bien humaines puisque les effets sont attendus et au rendez-vous et de fait tangibles. En douter serait les provoquer au pire et personne, surtout pas la dame, n’est partant pour vérifier le bienfondé ou non…
Ce sont ces deux amulettes de fertilité que nous invitons nos visiteuses et visiteurs à venir voir dans la partie ‘Cabinet de curiosité’ de notre petit musée de l’étrange… aussi étrange que savent l’être ces deux support de superstition de grossesse et d’enfantement.
André Douzet
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