24 mars - la poupée romaine
En se dirigeant vers la salle médiévale, à sa droite, la personne visitant le musée va trouver une niche contenant quelques vestiges romains retrouvés dans le sud de la France. On peut y voir notamment une poupée romaine quasiment intacte.
Divers musées en France présentent ce genre de vestiges malheureusement souvent retrouvés brisés, dépareillés, en tous cas des morceaux ne permettant pas la reconstitution de l’objet intégrale. Ces éléments éparses sont le fait qu’ils sont le plus souvent retrouvés par les archéologues sur des sites de déchets, d’objets brisés et jetés un peu comme nous le faisons en nous débarrassant à la poubelle, de mobiliers et bibelots usagés, cassés ou devenus inutiles.
Rien de nouveau sous le soleil ! Le fait d’avoir récupéré cet élément s’explique en raison de la participation de travaux de terrassement d’un ouvrier employer au défoncement d’un terrain en friche devenant une terre viticole. Pour ce faire l’entreprise utilise un tracteur surpuissant capable de tirer un ‘soc à défoncer descendant à près d’un mètre de profondeur. Derrière suit un autre engin tirant les plus gros éclats de roches et racines profondes. Le second engin butant sur un obstacle les mécaniciens s’approchent pour estimer l’obstacle. Ils sont devant une petite nécropole sans doute gallo-romaine et une sépulture bloque les dents de l’énorme engin. Ils vont dégager la dalle funéraire et découvrir que la tombe est maintenant brisée laissant apercevoir les vestiges humains éparpillés par le choc. Il s’agit de la sépulture d’une enfant d’environ huit à dix ans et dans ses restes dispersés l’homme aperçoit quelques menus objets et… une petite poupée que l’enfant avait emmenée dans son dernier voyage vers le royaume des morts. Le mécanicien ramasse l’antique jouet… Le dépose dans une boite à son domicile… et l’oublie car jugé sans valeur, abîmé au moment du défoncement ayant séparé le corps et la tête du petit jouet. C’est un de ses familiers, au décès du vieux mécanicien, qui nous le confiera il y a plus de 30 ans. C’est ce petit personnage féminin qu’aujourd’hui vous pouvez voir dans notre musée.
Il s’agit d’un petit jouet pour petite romaine, une poupée de 21cm de haut réparti en un corps avec la tête et les cuisses solidaires. Une tête aux traits fins, à la chevelure sophistiquée des dames aristocratiques de la Rome antique, une légère poitrine. Deux bras, deux jambes réduites seulement au-dessous des genoux. Mains et pieds ébauchés. Peut-être un vêtement mais sans certitude. Les parties de la poupée sont en argile grise légèrement chaulée donnant un aspect coloré à la petite arrière-arrière-grand-mère des poupées articulées d’aujourd’hui… Même jouet pour petite fille, même attention, même destination pour que l’enfant-fille apprenne son future rôle de femme et de maman… comme dans les mêmes domaines misogynes et sélectifs identiques d’hier et aujourd’hui.
On sait de nombreuses figurines féminines et quelques masculines aussi depuis l’antiquité qu’elle soit grecque, égyptienne, étrusque ou de la gaule pré-romaine. La poupée jouet est chose apparemment commune dans toutes les sociétés antiques et ensuite se relayant jusqu’à nos jours au rayon des poupées de plus en plus sophistiquées pour petite filles sages. C’est cet émouvant et nostalgique jouet que vous verrez en se dirigeant vers la salle médiévale, à sa droite, ou la personne visitant le musée va trouver une niche contenant quelques vestiges romains retrouvés dans le sud de la France…
André Douzet
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