13 Avril - la cloche de nécromancie
Cet objet, dont le musée de l’étrange n’est pas peu fier, est une pièce dont la rareté est remarquée surtout dans cet état de parfaite conservation. Mais au fait, quelle peut-être la fonction d’un tel élément et d’où provient-il ?
Nous sommes à l’aube des temps wisigothiques, soit environ vers l’an 400 de notre ère et dans le sud de ce qui deviendra la province Narbonnaise. La religion s’est imposée dans cette région où, cependant, reste persistant un esprit paganiste très marqué. Au demeurant, la nouvelle religion aura grand ’peine à s’imposer et devra s’accommoder en de nombreuses contrées. Elle devra souvent composer prudemment avec les anciens cultes locaux, par exemple en superposant lentement ses sanctuaires et cultes calendaires ou hagiographiques sur les anciens sites mégalithiques ou druidiques et rites annuels antiques. Visiblement, le passage d’une religion sur l’autre se fera sans grande frais, mais avec beaucoup de temps et de patience comme on peut souvent le constater avec certaines parties d’édifices wisigoths. En effet ceux-là sont construits depuis des vestiges, de matériaux élevés, autrefois voués localement à d’antiques divinités ou fées, dames bleues et autres s’étant notamment montrées rébarbatives et rebelles à cette religion qui finira finalement par s’imposer à la longue, du moins en apparence.
C’est en pratiquant la spéléologie, il y a plus de 50 ans qu’un chercheur découvre plusieurs sépultures identifiées comme ‘wisigothes’ par les archéologues. D’autres du même ordre seront aussi mises à jour par monsieur Gérard Abet sur les secteurs de Durban-Corbières tous proches de ceux dont il a été question au début. C’est dire simplement que la découverte n’a rien, en elle-même, de bien mystérieux ou inhabituel en ces matières. Ces sépultures retrouvées au fil des défonçages de terrains pour de nouvelles vignes sont intéressantes, avec hélas peu de remontées de mobiliers en bon état. Ce seront surtout les petites nécropoles cachées au plus profond de la terre-mère qui seront les plus riches de découvertes souvent… dans leur jus. Nous sommes là sur des tombes destinées à des personnalités locales importantes qu’une tribu, un clan, souhaite soustraire au pillage certes, mais aussi à un rite quelque peu trop catholique. Alors on dissimule la sépulture pour que les vieux cultes puissent encore avoir lieu sans encombre… à l’ancienne si on peut dire.
Nous sommes dans des sépultures faites d’une chambre mortuaire (un caveau ?) précédées et séparées par un mur d’une sorte d’anti-chambre destinée à recevoir offrandes rituelles régulières ou ponctuelles mais aussi au déroulement d’un bien étrange culte aux morts. En effet si les wisigoths adoptent la nouvelle religion, ils conservent jalousement, secrètement, une partie de leurs anciennes superstitions. Dans certaines circonstances, ils prenaient contact avec leurs morts pour des conseils, oracles et autres échanges. Pour ce faire, au moment du montage du mur de séparation, une longue pierre était installée en ressortant avec un plat du côté du mort et celui des vivants, puis la fermeture du mur se finissait jusqu’en haut. Du coté des vivants on se réunissait dans l’espace obscure pour établir le contact avec le mort… A cet effet, on apportait ‘une clochette de divination’ posée sur la partie plate accessible aux vivants. Cette clochette, en bronze, est formée d’une petite cuve posée sur quatre pieds se terminant par une sorte d’étroit canon tourné vers le haut. Entre les pieds sont disposés quatre espèces de grelots ouverts vers le bas.
On emplissait le réservoir de graisse animale avec une mèche remontant vers l’ouverture, comme une lampe à huile avec un col très haut. Une fois celle-ci allumée, on peut imaginer l’assemblée de quelques personnes serrées les unes aux autres pour cet intime contact avec le mort. La crainte superstitieuse s’installe, s’intensifie au moment où la mèche est allumée. Ce sera la seule minuscule source de lumière dans ces ténèbres sépulcrales… Les assistants retenant leur souffle attendent que le défunt notoire se manifeste à leur supplique. Un silence ‘de mort’ règne maintenant sur l’assemblée et… le miracle se produit d’abord à peine audible, puis un peu plus au fur et mesure que la mèche descend dans son réservoir en donnant de moins en moins de clarté. Le son est maintenant perceptible dans ce lourd silence. Les grelots émettent leurs sons grêles, sourds et ténus… le mort manifeste sa présence par leurs plaintes basses et grainelées. La séance s’arrêtera quand la graisse sera entièrement consumée au fond du petit réservoir… Ensuite un devin, conduisant le cérémonial, interprète les sons pour ensuite les expliquer aux vivants. Ainsi les wisigoths allaient aux confins de la mort interroger l’esprit de leurs morts les plus notoires ou affectueux.
Nous sommes dans des sépultures faites d’une chambre mortuaire (un caveau ?) précédées et séparées par un mur d’une sorte d’antichambre destinée à recevoir offrandes rituelles régulières ou ponctuelles mais aussi au déroulement d’un bien étrange culte aux morts. En effet si les wisigoths adoptent la nouvelle religion, ils conservent jalousement, secrètement, une partie de leurs anciennes superstitions. Dans certaines circonstances, ils prenaient contact avec leurs morts pour des conseils, oracles et autres échanges. Pour ce faire, au moment du montage du mur de séparation, une longue pierre était installée en ressortant avec un plat du côté du mort et celui des vivants, puis la fermeture du mur se finissait jusqu’en haut. Du coté des vivants on se réunissait dans l’espace obscure pour établir le contact avec le mort… A cet effet, on apportait ‘une clochette de divination’ posée sur la partie plate accessible aux vivants. Cette clochette, en bronze, est formée d’une petite cuve posée sur quatre pieds se terminant par une sorte d’étroit canon tourné vers le haut. Entre les pieds sont disposés quatre espèces de grelots ouverts vers le bas.
Mais après cette séance de contact avec la Camarde des anciens peuples au début de notre Moyen-Âge, il faut raisonnablement comprendre le comment de cette séance de nécromancie. Le fait que la mèche se consume assez fortement (en raison de la graisse animale fondue) elle va provoquer un important échauffement à hauteur du ‘canon’ qui la concentre d’abord pour ensuite la transmettre au pied servant de socle. Cette chaleur conséquente va, au contact du froid de la pierre et de la crypte, produire un effet ‘mécanique’ comme une sorte de tension dans la structure du bronze. Celui-ci, au moment de cette rencontre du très chaud et du très froid, va sous cette ‘expansion’, imperceptible évidemment, trembler sans que ce soit visible. Ensuite, ce léger phénomène physique se transmet aux grelots qui rempliront leur office en… tremblant et émettant un quasiment inaudible son grêlé, cependant perceptible dans le silence pesant et complet du caveau. Les participants ou familiers venus au contact du mort ne peuvent douter une seule seconde c’est bien le défunt qui se manifeste à eux. Comment pourrait-il en être autrement dans la crainte superstitieuse de cet endroit aux confins du royaume des morts wisigoths et des cultes antiques funéraires que la religion naissante ne peut encore complètement éradiquer à son profit… Et ainsi la cloche wisigoth rendait son office de… téléphone autonome avec les contrées de l’antique Camarde.
Mais après cette séance de contact avec la Camarde des anciens peuples au début de notre
Moyen-Âge, il faut raisonnablement comprendre le comment de cette séance de nécromancie. Le fait que la mèche se consume assez fortement (en raison de la graisse animale fondue) elle va provoquer un important échauffement à hauteur du ‘canon’ qui la concentre d’abord pour ensuite la transmettre au pied servant de socle. Cette chaleur conséquente va, au contact du froid de la pierre et de la crypte, produire un effet ‘mécanique’ comme une sorte de tension dans la structure du bronze. Celui-ci, au moment de cette rencontre du très chaud et du très froid, va sous cette ‘expansion’, imperceptible évidemment, trembler sans que ce soit visible. Ensuite, ce léger phénomène physique se transmet aux grelots qui rempliront leur office en… tremblant et émettant un quasiment inaudible son égrelé, cependant perceptible dans le silence pesant et complet du caveau. Les participants ou familiers venus au contact du mort ne peuvent douter une seule seconde c’est bien le défunt qui se manifeste à eux. Comment pourrait-il en être autrement dans la crainte superstitieuse de cet endroit aux confins du royaume des morts wisigoths et des cultes antiques funéraires que la religion naissante ne peut encore complètement éradiquer à son profit… Et ainsi la cloche wisigoth rendait son office de… téléphone autonome avec les contrées de l’antique Camarde.
Cette pièce archéologique est des plus rares et seules quelques musées disposent, jalousement, de ce genre de merveille vouée aux cultes anciens. Bien évidemment ses sœurs, sous vitrines de musées classiques et sévères, sont plus élaborées que la nôtre. Elles comportent des gravures ou décors en reliefs et parfois plusieurs ‘canons’ qui bien entendu rendent le son plus audible et net, plus puissant en amplifiant l’effet de crainte superstitieuse sur les intervenants de ce rituel réellement hors du commun et peu connu. Notre ‘cloche’ a été nettoyée et ‘traitée’ contre l’oxyde par des techniciens spécialisés, habitués, en la matière, qui à cette occasion nous expliquèrent le fonctionnement et son mécanisme thermique et mécanique. Elle a pour origine une région située aux confins des Pyrénées Orientales, et fut retrouvée fortuitement par des spéléologues en explorant des cavités naturelles de ces régions. Ils étaient parti pour un rendez-vous avec l’étrange et ce dernier a tenu sa promesse. C’est cet élément que nous vous convions à venir, à votre tour, rencontrer dans notre petit musée de l’étrange…
André Douzet
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